Liste de présence :
Présents : JC RIEFLE ; F BECK-HARTWEG ; JP FRICK ; M DEISS ; T SPECHT ; B SCHLOEGEL; JM DEISS ; J.BOEHLER ;D.HEBINGER ; P.RIEFLE ; D.LEFEBVRE ; JF OTTER ; A KREYDENWEISS ; M BLANCK
Excusés : O.HUMBRECHT ; A DIETRICH ; M RINALDI ; E SIPP ; C STENTZ-KOCH ; E MEISTERMANN ; M TEMPE ; H HUTTARD ; S.MANN
Introduction de Jean Claude Rieflé
La crise conjoncturelle doublée d’une crise structurelle de longue date renforce l’idée que le Cercle Burger constitue une réponse pertinente à la nécessité de réfléchir à l’avenir du vignoble.
Le nombre de récoltants manipulants baisse inéluctablement et pour ceux qui se maintiennent, la part de ventes en bouteilles de leur fait, s’effondre. A l’échelle de notre région, le risque de baisse de créativité, de diversité est avéré. Cela accrédite l’impérieuse nécessité de se rassembler et de trouver des facteurs communs de résistance et de redéveloppement.
Retours et sentiment sur la situation du marché :
Selon les témoignages, l’Alsace semble être la région viticole qui est en premier écartée par les réseaux professionnels des marchés, des marchés centrés sur la Bourgogne, le Rhône, la Champagne…L’Alsace reste souvent « la 5e roue du carrosse » La question du désir d’Alsace est posée.
Quelle est la raison de cette désaffection ? L’idée qui viendrait a priori est le défaut d’image. Mais plus en amont ? Au lieu d’un mécanisme de complexité-croissance, propre à la fécondité, le processus de reconnaissance des terroirs au sein de la filière des vins d’Alsace est au mieux figé, au pire orienté vers l’appauvrissement de l’expression des diversités (une diversité en lien avec la richesse naturelle de ses
géologies et de ses Hommes). Des entreprises émergentes néanmoins sont en progression. Mais en résumé, « l’appellation est vécue comme un boulet », selon les dires.
Les chiffres du vignoble en novembre (Source CIVA):

Le dynamisme en Allemagne : il n’y a pas de témoignages d’indicateurs économiques précis. Néanmoins, témoignage est fait de la remarquable réactivité et adaptation des Allemands aux nouvelles contraintes de distanciations, par les dégustations en distanciel.
L’actualité vigneronne institutionnelle:
- Un courrier commun avec l’Avla a été adressé à la DGCCRF. Il n’y a pas de retour à ce stade, mais le CA de l’AVA a décliné un soutien prétextant le mauvais état des relations avec la DGCCRF en raison du contentieux avec l’Autorité de la Concurrence.
- Alsace 2030 : plusieurs membres du cercle ont été intégrés dans des groupes/commissions de travail. Remerciement est adressé au Synvira dans sa démarche d’ouverture et d’intégration du CGB dans les réflexions de filière. Mais à ce stade, aucune publication sur l’état d’avancée des travaux n’a été faite. Les participants aux ateliers, désignés par les instances, n’ont pas encore été avertis.
- Deux membres du CGB se sont réunis pendant 2 h par vidéo avec Philippe Coste, Président de la Commission d’enquête ALSACE de l’INAO. Philippe Coste reconnaît la pertinence de la strate communale. Plus globalement, la limite de tout projet hiérarchique étant que l’AOP, doit intégrer tous les opérateurs, indépendamment de leurs tailles, il ne peut donc y avoir de projet d’exclusion. Ceci est à rapprocher des propos de Christian Paly, ancien pdt de la Cnaoc, qui insiste sur la légitimité des vins industriels en AOP. Mais si l’on résume les pensées exprimées par Ph Coste sur les possibilités d’évolutions de la reconnaissance des terroirs alsaciens, selon une hiérarchie commune/premiers crus/ grands crus :
–> En l’état de la situation du vignoble, « il ne saurait y avoir d’évolution vers la segmentation souhaitée des terroirs, sans une réforme « de la base de la pyramide », qui permettrait de régler la coexistence politiquement pacifique au sein de la filière des vins d’Alsace entre les vins industriels, fondés sur la réduction des coûts de production, et les vins de lieu qui inversement investissent dans les coûts de production.
–> Ph Coste suggère éventuellement l’émergence et la coexistence de deux lignes dans l’AOP Alsace : l’une constituée par des vins d’assemblage et la 2e actant la protection des cépages réservés à l’Alsace (Sylvaner, Gewurztraminer, Riesling)… !
Le CGB a formellement demandé au CRINAO à être associé à la venue de Ph Coste le 08 Décembre 2020
La réponse du CRINAO a consisté à préciser que l’ODG-Ava est seule interlocutrice de l’INAO.
Tant sur la forme des procédures (discussions politiques) que sur le fond (hiérarchisation et reconnaissance des vins de lieu), la situation de potentielles évolutions est politiquement bloquée.
Positionnement sur les objectifs du Cercle Berger :
Les projets du Cercle doivent-ils concerner les entreprises ou le terroir ? Sur ce point les avis divergent encore. Certains penchent pour une définition/dénomination centrée sur le type d’entreprise artisanale versus industrielle, par la voie de la définition du lien humain. Mais d’autres sont soucieux que le projet n’exclue aucune des composantes de la filière. D’où un projet identitaire centré sur les pratiques, l’objet des pratiques et pas sur le type d’entreprise.
Y a-t-il une issue juridique pour les revendications de lieux non reconnus à l’Inao ?
Plusieurs vignerons subissent actuellement les foudres de la DGCCRF pour non-conformité des étiquettes. Ils revendiquent en particulier des communes qui ne figurent pas dans la liste des communales admises et reconnues.
Juridiquement, le producteur est-il en droit de revendiquer son lieu de production ? Ceci nécessite une expertise juridique.
Il s’agirait à ce stade de connaître les latitudes de revendication de lieu offertes aux vins de France.
S’interrogent certains de savoir si tout est interdit en VSIG, excepté peut-être le lieu-dit cadastré ? De même « le producteur » aurait – il le droit de faire figurer son lieu de résidence ? Là encore, il faut des expertises juridiques.
En l’état, la volonté de mettre plus de consistance dans les terroirs semble donc entravée par une situation politique bloquée. Et les possibilités de revendication du terroir en dehors de l’AOP sont problématiques puisque bloquées par la législation.
Les logiques d’entreprises sont tellement différentes, et les tensions sont tellement importantes que les perspectives d’issue sur un projet commun d’appellation s’éloignent.
Or, il y a urgence pour de nombreuses entreprises qui risquent de se voir retirer l’habilitation à produire du vin d’Alsace, de façon imminente. Une cinquantaine selon les dires. Et pour de nombreux vins issus de toutes les familles, qui ne trouvent plus leur place dans l’appellation.
D’où la question d’une protection de droit privé
La sociologue et géographe Geneviève Teil travaille actuellement sur la même problématique dans la filière cidre, semble-t-il confrontée à la même difficulté de trouver un équilibre entre les grands et les petits opérateurs pour déboucher sur un projet identitaire commun, respectueux des démarches d’entreprise.
Geneviève Teil est disposée à nous assister pour constituer une « task force » pour nous aider à élaborer un cahier des charges qui pose les difficultés particulières de la région, pas seulement du point de vue du terroir, mais aussi de la division et de l’hétérogénéité des forces en présence.
D’où la mise en place d’un cadre alternatif (et refuge) à celui de l’appellation qui n’offre pas de solution et de perspective à la dynamique de complexité croissance des terroirs. En somme de la liberté d’un producteur à disposer de l’expression de son identité.
La question est posée de vouloir réformer le système de protection de l’identité en place ou de recréer un autre modèle ?
La question d’une protection de droit privé est posée ? Avons-nous l’envie, la volonté après avoir pris conscience de tout ce que cela implique en termes de pressions économiques, pressions politiques sur chacune des entreprises qui sera tentée de s’engager sur cette voie alternative ?
Quel en serait le niveau de mise en commun de moyens ? Car à n’en pas douter, la mise en place d’un CDC de droit privé sera couteuse avec tout ce que cela implique de rédaction, certification, contrôles…
Plusieurs avis sont exprimés
En résumé : Le débat tourne autour de la défense du terroir par la reconnaissance des Signes de Qualité et d’Origine, en VSIG, IG ou en AOP et/ou de pratiques d’entreprises, par exemple en intégrant le bilan carbone, la conservation des sols, l’engagement social, l’engagement environnemental, la biodiversité… ? Ces deux axes devraient-ils être considérés séparément ou simultanément dans un CDC privé ?
Deux gardes fous sont posés :
–> Envisager une certification, pragmatique, tangible et qui ne soit pas une usine à gaz pour le vigneron.
–> Respecter la promotion des vins de lieux à l’intérieur ou hors des normes imposées par les SIQO
–> Considérer la bienveillance vis-à-vis du consommateur, de ses attentes et de ses exigences.
La question de la Traçabilité
Crainte est formulée d’un sur-ajout de contraintes administratives à une charge déjà trop lourde. « Le mal Français », a-t-il été soulevé. Certains préconisent d’y aller pas à pas, de s’appuyer sur la traçabilité du bio, dont le label est certes socialement insuffisant.
Il conviendra de lever ces réticences en étudiant les possibilités offertes par l’informatique et notamment par la technologie blockchain. Cette technologie offre de hauts standards de transparence et de sécurité car elle fonctionne sans organe central de contrôle. Plus concrètement, la blockchain permet à ses utilisateurs – connectés en réseau – de partager des données et de prouver des pratiques
sans intermédiaire.
Il y a néanmoins un quai consensus sur un « socle viticole bio ».
- QQ points phares qui bornent la démarche, qui font la différence
- Une prise en compte de la diversité de pratiques, certes difficile à intégrer, d’où la solution de la blockchain et donc d’un label à la carte et individuel (encadré par les points phares).
- Une Liste positive de certains critères (par exemple interdiction du désherbage chimique)
- Un souci d’un cadre évolutif,
- Mais également et surtout une hiérarchie dans les strates sur la partie reconnaissance des terroirs.
Le débat se poursuit sur le socle fondamental de valeurs.
« Il s’agit de n’exclure personne sur les valeurs, mais toutefois de bien les préciser.»
C’est un projet qui passe par la thématique de la bienveillance.
Bien sûr la prise en compte de la diversité d’approches pose la question du risque d’exclusion de l’un ou de l’autre. Ce qui rapproche les uns et les autres, c’est la personnalité des vins, l’âme… Mais quelle définition de la somme des personnalités ? Il apparaît à ce stade que la stratification commune, c’est-à- dire que le volet terroirs avec leurs identités, est un point commun rassembleur du projet. « Ce qui rapproche c’est la richesse collective, et le couple individuel/collectif ».
La métaphore de l’arbre. « Un arbre est fait de racines et de ramifications, unies par un tronc. Le tronc représente ce socle de valeurs communes » écrites dans le projet.
Protection du projet
Un point peu abordé, néanmoins, mention est faite d’une possibilité juridique de la Reconnaissance juridique des identités non humaines : une évolution du droit moderne, notamment en droit environnemental qui permet de protéger des entités non humaines, telles que la banquise, la forêt d’Amazonie, mais ce pourrait être un terroir viticole…
A venir
Décision est prise d’avancer à visage ouvert sur le projet. Une motion à usage interne sera rédigée dans les prochains jours. Elle servira de base solide et aura valeur d’engagement de la part des membres du CGB à oeuvrer à l’étude et à l’élaboration d’un CDC de droit privé.
Chacun doit réfléchir sur le contenu de la motion
Bruno Schloegel centralise les propositions de rédaction. Chacun envoi des propositions à cerclegustaveburger@gmail.com
Cette motion vise à Définir les valeurs fondamentales du CDC. Le document est en ligne, actualisé au jour le jour. L’adresse du lien n’est pour l’heure pas définie.
La motion devra être rédigée/arrêtée sous 8 jours
Le rendez-vous du Cercle Burger est fixé au vendredi 15 janvier , lieu à préciser
Chacun est invité à réfléchir sur le nom du label.
DL -JCR